Figure de proue européenne de la clarinette et du saxophone, Louis Sclavis est un musicien nomade. Il a (re) visité l’oeuvre du Duke comme la musique contemporaine, le free, les folklores orientaux, la danse, le cinéma ou la photo. Iconoclaste et aventureux, il a multiplié les collaborations inattendues. C’est avec Gilles Coronado (guitares) et Benjamin Moussay (piano), soit le trio Atlas, que le compositeur tentera cette fois de retourner à l’essence et au principe même de son fabuleux album Lost On the Way (paru chez ECM). Il invite pour cela le percussionniste iranien Keyvan Chemirani, virtuose du tombak (le zarb en persan).
Chemirani est né à Paris en 1968. Il apprend l’art du zarb auprès de son père, le maître Djamchid Chemirani. Son univers atavique est celui des musiques modales de Méditerranée et d’Orient et leurs liens originels avec le chant et la poésie (tout l’art de la percussion iranienne est basé sur la poésie). Avide de rencontres et d’improvisations, le jeune Iranien confronte sans trêve sa percussion savante aux musiques flamencas, ottomanes, grecques, araboandalouses, occitanes, celtes, africaines (le fabuleux projet Falak avec le Malien Néba Solo) et surtout indiennes. Keyvan est particulièrement impressionné par la métrique stupéfiante des virtuoses du sud de l’Inde dont il s’inspire. Son jeu étourdissant illustre tout aussi régulièrement les similitudes entre le rythme buleria du flamenco et le kereshmeh iranien.
Cette rencontre en altitude s’inscrit ainsi dans l’infatigable vagabondage universel du Lyonnais.